Dans l’univers en constante évolution des compléments alimentaires, de nombreux fabricants présentent souvent les bisglycinates de minéraux (comme le magnésium, le fer ou le zinc) comme une solution miracle pour une meilleure absorption et tolérance. Mais que cache réellement cette appellation ? Sont-ils une avancée naturelle ou une simple création de laboratoire dont les bénéfices sont à nuancer ? Plongeons ensemble au cœur de la science et des faits pour démêler le vrai du faux.
De même dans ces deux mêmes sources </strong>(source 3 et 4), Le « secret de fabrication » évoqué pointe vers un manque potentiel de transparence . Par exemple, des entreprises comme ProTec Nutra / Albion Minerals commercialisent des produits sans toujours clarifier la source exacte du bisglycinate de départ pour le consommateur. Avec des dizaines de fournisseurs, notamment en Chine (28 sur 34 listés sur chemicalbook.com pour le magnésium bisglycinate CAS 14783-68-7), la variabilité de la qualité et des procédés est une préoccupation légitime.
</p>
Une étude comparative récente a mis en lumière des résultats intéressants :
Qu’est-ce qu’un bisglycinate ? Comprendre la chélation
Le terme « bisglycinate » désigne une forme de minéral dit « chélatée ». Cela signifie que l’ion minéral (magnésium, fer, zinc…) est lié à deux molécules de glycine, un acide aminé. L’objectif théorique de cette liaison est de protéger le minéral lors de son passage dans le système digestif et d’améliorer son absorption par l’organisme.L’Origine Synthétique de la Glycine : Un Premier Point Clé
Il faut souligner que la glycine utilisée pour fabriquer les bisglycinates ne provient pas directement de sources naturelles. En général, les laboratoires la synthétisent à partir d’acide chloroacétique et d’ammoniac, comme l’indique la source¹. Ce point est crucial : bien que la glycine existe naturellement dans notre corps, celle utilisée ici est le fruit d’un processus chimique industriel. Le bisglycinate n’est donc pas un produit « naturel » au sens commun du terme. le bisglycinate n’est donc pas naturelLes bisglycinates sont artificiellement chélatés sur des protéines ou des acides aminés.
Or, nous ne pouvons envisager une approche de la micronutrition reposant sur des formes chimiquement modifiées de nutriments, alors même que les fondements d’une alimentation saine reposent sur la naturalité et la simplicité.<br />Chercher à corriger des déséquilibres causés par une alimentation trop transformée en consommant des compléments eux-mêmes ultra-transformés crée un paradoxe évident.</p>La Fabrication des Bisglycinates : Un Processus Industriel Mondialisé
La production des bisglycinates est une industrie mondiale, avec des usines majoritairement situées en Chine, en Inde et aux États-Unis. Nous avons cherché longuement pour obtenir ses informations, mais selon deux sources³⁴ ‘le procédé général implique plusieurs étapes clés :- Association : La glycine de synthèse est mise en réaction avec une source du minéral choisi.
- Pour le magnésium : souvent l’oxyde de magnésium.
- Pour le zinc : l’oxyde de zinc ou le carbonate de zinc (comme détaillé dans le brevet chinois CN102180805A²).
- Pour le fer : généralement le sulfate de fer (mentionné dans le brevet CN102516108A pour le bisglycinate ferreux).
- Association : La glycine de synthèse est mise en réaction avec une source du minéral choisi.
- Réaction de Chélation : Les composants sont mélangés dans un réacteur contenant de l’eau. Le réacteur est chauffé pour faciliter la réaction chimique qui lie la glycine au minéral.
- Purification : Le produit brut obtenu est ensuite filtré et purifié pour éliminer les impuretés et les réactifs n’ayant pas réagi.
- Séchage et Solvants : Pour obtenir la poudre finale, une étape de séchage est nécessaire. C’est ici qu’interviennent parfois des solvants. Bien que les fabricants considèrent l’éthanol comme relativement sûr, l’utilisation potentielle de méthanol, un solvant toxique, soulève des questions sur la sécurité et la pureté du produit final.
Questions de Transparence et Qualité Variable

L’hypocrisie des marques du bisglycinate de fer pour les compléments alimentaires à base de bisglycinate
En effet, l’argument principal avancé pour les compléments alimentaires à base de bisglycinate est qu’ils offriraient une meilleure qualité d’assimilation que les formes dites « brutes », comme les oxydes ou les sulfates, souvent d’origine naturelle. Mais, comme nous l’avons vu, le procédé de fabrication du bisglycinate repose justement sur l’utilisation de ces mêmes formes brutes, qui sont ensuite complexées avec de la glycine. En d’autres termes, les fabricants dénigrent les formes qu’ils utilisent en réalité comme matière première pour obtenir leur actif « amélioré ». Il y a là une contradiction marketing qui mérite d’être soulignée.
Le cas du bisglycinate de fer : dangers relatés
L’argument principal en faveur du bisglycinate est sa biodisponibilité supérieure. Cependant, des recherches indépendantes récentes remettent en question cette affirmation, notamment en le comparant à d’autres formes d’origine naturelle.Une autre étude (référence 6), cette fois chez de jeunes animaux, a comparé l’effet du sulfate de fer et du fer bisglycinate sur le microbiote intestinal.- <strong>Moins de Diversité : Les animaux ayant reçu le fer bisglycinate présentaient un microbiome intestinal moins diversifié que ceux recevant du sulfate de fer ou les témoins.
- Impact sur les Probiotiques : L’étude a noté une réduction drastique (jusqu’à 10 000 fois moins) de certains probiotiques comme les Lactobacilles.
- Effet Persistant : Plus inquiétant encore, cette altération du microbiote persistait à l’âge adulte. Cela suggère un impact potentiellement durable sur la santé intestinale.
Le Risque de Surcharge hépatique
Les chercheurs ont développé et utilisé le fer chélaté par des acides aminés (fer bisglycinate, Ferrochel) comme fortifiant alimentaire pour prévenir et traiter l’anémie ferriprive. Cependant, personne n’a décrit son utilisation à long terme. De plus, aucun rapport sur la surcharge en fer n’est disponible.Nous rapportons ici le cas d’une mère et de sa fille (Étude Sugimori et al., 2025)⁵. Les médecins ont diagnostiqué chez elles une surcharge en fer. Ce diagnostic était basé sur un prélèvement sanguin. L’analyse du sérum a révélé des taux élevés de ferritine. Elle a aussi montré une augmentation de la saturation de la transferrine (TSAT).Concernant la fille, l’IRM a montré une accumulation de fer dans le foie, la rate et la moelle osseuse. Sa réponse inflammatoire était pourtant normale. Elle a donc été diagnostiquée avec une surcharge en fer secondaire. Cette surcharge était due à la prise orale d’une préparation de fer chélaté par un acide aminé.Ainsi, même les patients asymptomatiques peuvent présenter une surcharge en fer, ce qui peut s’avérer très dangereux en l’absence de traitement. Dans le cas présent, il s’agit spécifiquement d’un apport en fer trop important par la forme bisglycinate, et aucun cas comparable n’a été rapporté avec le fer sulfate.Il serait toutefois hypocrite de prétendre que seule la forme bisglycinate peut entraîner des effets indésirables. Mais ce constat met cependant en lumière un point important : le fer bisglycinate, sous une forme non naturelle pour l’organisme, peut induire une surdose que le corps ne parvient pas toujours à réguler efficacement. C’est l’une des dérives possibles d’une micronutrition trop synthétique.Un Manque de Données Toxicologiques à Long Terme
Le document initial pointe à juste titre le manque de données sur les risques à long terme. Un seul auteur, Jeppsen & Borzelleca (1999), a publié les deux seules études de toxicologie mentionnées sur le bisglycinate de fer, ce qui ne suffit pas à établir un profil de sécurité complet et indépendant.Magnésium Bisglycinate : Vraiment Mieux Absorbé ? Le Débat sur l’Efficacité

- Solubilité Intestinale : Contrairement aux attentes, le magnésium marin (Aquamin-Mg) a montré une <strong>solubilité significativement plus élevée dans la phase intestinale (là où l’absorption principale a lieu) que le magnésium bisglycinate commercial (CMB) (voir Figure 5b citée dans l’étude).
- Pas de Supériorité Claire : Les auteurs concluent que la solubilité dans l’eau est un facte
- Critique des Études Existantes : Le document initi

Conclusion : Bisglycinates – Prudence et Esprit Critique sont de Mise
Si les bisglycinates peuvent sembler attrayants sur le papier grâce à la chélation, un examen plus approfondi révèle une image plus complexe :- Origine Synthétique</strong> : Ce ne sont pas des produits naturels ». Il est important de proposer une micronutrition aussi proche du vivant que possible.
- Fabrication : Le processus industriel mondialisé soulève des questions de transparence et de variabilité de qualité.
- Absorption du Magnésium : Les preuves de supériorité par rapport à d’autres formes comme le magnésium marin sont remises en question par des études récentes.
- Sécurité du Fer : Des signaux préoccupants émergent concernant le risque de surcharge et l’impact négatif sur le microbiote intestinal.
- Manque de Preuves Robustes : Pour le magnésium comme pour le fer, le niveau de preuve scientifique indépendant et à long terme semble insuffisant pour justifier sans réserve leur promotion comme étant systématiquement supérieurs ou sans risques.